Chroniques du temps réel > Le lundi 4 mai, 7e semaine des chroniques du confinement
Chroniques du temps réel
par Pierre Sommermeyer and Co le 1 mai 2020

Le lundi 4 mai, 7e semaine des chroniques du confinement

Lien permanent : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4759

Le journal du confinement durable

Mardi 17 mars, midi. Nous entrons dans une période de confinement contraint et nécessaire. Et ça vous fait quoi d’être confiné ? Sur proposition de Pierre, chaque jour un témoignage personnel sur le jour d’avant.


Chroniques au jour le jour

03/05/2020
Aujourd’hui, ma garde c’est 24h d’affilées. Mais le bon coté de tout ça, c’est qu’enfin, je dors un peu la nuit. Bien sûr, je ne dors pas bien parce qu’il y a des coups de fils pour des avis ou les lumières de l’ambulance qui me réveillent, mais je dors. Parfois je vais en garde aux urgences pour 15h, et il n’y a aucun patient.

Tout l’hôpital a été « réquisitionné Covid », les services de neurologie, les services de chirurgie, de dermatologie etc tous hébergent des patients infectés. Ça nous a fait rire d’imaginer un chirurgien avec un stéthoscope, alors que de notre côté, en pédiatrie, le service n’a jamais été aussi calme. D’ailleurs nous avons déménagé le service pour ne pas mélanger les enfants aux adultes infectés. Maintenant j’ai une fenêtre à mon bureau... je vois le ciel! Comme ça fait du bien de ne plus travailler à la cave. J’ai aussi une chaise qui n’est pas cassée. A l’hôpital on se satisfait de tellement peu.

Bon maintenant je dois faire mon lit... quand nous étions à la cave – avant le Covid – une personne était embauchée pour faire les lits et chambres de tout le personnel de garde. Ici on doit le faire nous même, avec une gue-guerre infirmiers-médecins que je ne vais pas mener. L’infirmière l’autre jour m’a demandé si je me croyais à l’hôtel quand je lui ai demandé où trouver des couvertures... J’ai rapporté mon duvet. Je m’en moque, maintenant j’ai une fenêtre et aussi des toilettes!

J’ai rapporté aussi mon bento, moi la bobo qui n’arrive pas a se faire à ces plateaux repas qui rendraient malade n’importe quelle personne en bonne santé… J’ai rapporté aussi mes 2 litres d’eau. À l’hôpital, l’eau est traitée contre la salmonellose, mieux vaut ne pas la boire. En fait quand je vais travailler c’est un peu comme si je partais en camping, sans l’aventure, super !

J’ai commencé le 1er novembre mon stage en pédiatrie. Des internes pleuraient de peur d’affronter la pédiatrie l’hiver. C’est la fameuse épidémie de bronchiolite qui fait peur. Elle nous a tenu éveillés tout l’hiver, elle nous a tous fait pleurer en garde, elle nous a fait appeler la sécurité quand les patients devenaient impatients et violents. Mon senior m’a dit « c’est normal de pleurer en garde ». J’agissais tellement en mode guerrière qu’une fois rentrée chez moi je n’arrivais pas à dormir, je n’arrivais pas à me détendre.

A peine l’épidémie de bronchiolite finie que l’épidémie de Covid déboule. Et je suis si heureuse que la plupart des enfants déclarés positifs puissent rentrer chez eux, sans aucun symptômes inquiétants…

Avant le Covid, ça faisait quasiment un an qu’on était en grève, on était vraiment à bout. Ils le savaient mais s’en moquaient. Et ils ont eu raison puisque pour cette crise aussi on est présent. Si ça n’avait pas été le cas la police serait venue nous chercher chez nous, comme pendant la grève. Qu’est ce que ça compte, 24% de dépressifs et des suicides d’internes? En tout cas ça valait pas un plan de sauvegarde de l’hôpital. Non pour ça il fallait que ça touche toute la population, il fallait des décès par manque de matériel, des décès qu’on aurait pu éviter, il fallait que l’économie soit touchée. Effectivement pour ça non plus il n’y avait pas les moyens.
Mais ils annoncent un plan de relance, un effet d’annonce encore. C’est en train de se finir en prime. Encore une prime. 1/4 de notre salaire est déjà sous forme de prime. Rien ne changera et l’année prochaine ils espèrent qu’on soit encore là.

Et le pire c’est que j’y serai encore… comment on s’en sort ?
Bonne nuit !
Alice.

02/05/2020
Cela fait désormais plusieurs jour, plusieurs semaines que l’on vit confiné. Pour ma part, pas de dérogation particulière donc je reste chez moi. Je sors uniquement pour quelques achats essentiels que j’essaie de regrouper, une fois par semaine pour le pain par exemple car j’ai la chance de disposer d’un congélateur. Puis j’ai un chien qui me permets de côtoyer mes voisins à distance d’hygiène près et seulement un jour sur deux car j’ai ma compagne s’occupe de l’autre jour.

J’ai deux enfants de moins de 10 ans ; Ouf que (dirai ma plus jeune fille) je vis dans une maison avec un terrain. D’abord, nous ne pouvons nous improviser enseignants donc on fait ce que l’on peut .Puis les enfants peuvent jouer dehors et offrent un peu de répit pour les parents et parce que l’on mutualise avec les voisins.
Voilà pour le cadre global et je peux aisément dire que l’on est heureux en France. Heureux dans le sens que je profite des petits bonheurs de la vie , oui. En France, ce pays qui me questionne toujours plus. Un gouvernement qui n’a plus rien à prouver en terme d’autoritarisme et, je pense même qu’il nous emmène en marche vers la dictature. Des Français qui sont malheureusement confinés dans leur monde aseptisé depuis des années, bien trop longtemps. Après, je ne blâme pas celle ou celui qui , vivant en appartement aura passé son confinement devant sa console de jeux vidéos et, donc dans un monde virtuel. Nous pouvons juste nous interroger quant à son intégration dans la société de consommation ou quant à la distanciation sociale naturelle.

Aïe, j’ai mal, je reviens vers des paroles qui, depuis jeudi dernier sont venues à mes oreilles. Lors d’une émission dans une radio local, j’entends un certain commandant Lapimou ( nom d’emprunt), digne représentant du désordre macroniste. Il s’exprime au sujet du nombre de verbalisations en lien avec le non-respect de l’autorisation de sortie que chacun est « libre » de s’autoriser. Alors, il convient de s’interroger sur l’autonomie et l’indépendance.

Voilà, j’ai écris l’essentiel de ma pensée du jour ; Et je suis heureux d’avoir abordé des points importants concernant la nécessité de l’évolution des êtres humains. Pour autant, je ne pense pas avoir répondu à l’ensemble des parents qui aimeraient voir une démarche précise quant à la gestion de leurs enfants et à leur présence en établissement scolaire ? Et oui, nous sommes confrontés à des zones rouges, vertes et jaunes pour réponse à notre avenir. Malheureusement, je te laisse à ce choix crucial car il m’est impossible d’imaginer une réponse acceptable à mes yeux. Nos enfants assumeront nos responsabilités, si nous n’en avons pas fait une réponse précise mais finalement, c’est notre histoire..

En tout cas, bon courage parce que pour ma part, il reste important d’en arriver au monde de demain, je ne peux plus supporter celui d’aujourd’hui.
Au plaisir.
Micka

1er Mai 2020 ATTENTION, DEUX CHRONIQUES.

1ère chronique

1 mai 2020 : rassemblements interdits. Triste 1 mai. « J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions » (Louise Michel). Nos morts du Covid et nos illusions de militant.e.s se pleurent dignement Et le drapeau noir s’arbore librement. Sur mon balcon ? Allons-donc, quelle mascarade ! Il est loin le 1 mai 1968 qui avait vu fleurir « Interdit d’interdire » après 14 ans d’interdiction pour cause de Guerre d’Algérie. Allons, enfants disciplinés de la patrie reconnaissante, agiter des banderoles revendicatives et crier des slogans sur les balcons, munis de masques grand public, réutilisables à la prochaine interdiction ! Une TELLE mobilisation va sûrement faire date, vous avez une chance de passer sur BFMTV si vous avez été jugé suffisamment médiatique, faites-donc un effort d’originalité cette année : « aucu, aucu aucune hésitation », ça ne va pas suffire pour être repéré, mais, si vous voulez être retenu, n’en faites pas trop quand même. Le reportage sera-t-il sponsorisé par les supermarchés Lidl comme les applaudissements orchestrés chaque jour à 20h pour saluer l’héroïsme des soignant.e.s ? Des personnels soignants qui, forts de ces encouragements bien protégés, peuvent bien continuer à s’exposer...

1 mai 2020 : Restez chez vous. Et on échange (activement, ça masque la passivité) des slogans à proclamer de son balcon. Quelle déprime ce 1 mai. Enfin une contestation bien ordonnée, qui ne contrevient pas aux mesures du gouvernement : si c’est pas une idée de génie la manif chez soi, y’ avait trop d’anarchie ! La plupart des associations et organisations militantes et certains partis politiques ont suivi et relayé : toutes ces initiatives de pseudo journée des luttes sur les balcons ou les réseaux sociaux sont pitoyables. Le #cortegedefenêtres, l’appli manif.app et les masques revendicatifs ? C’était ça « L’imagination au pouvoir » ? Bon test et bon précédent pour le gouvernement si les contestataires renoncent si facilement à la rue le 1 mai, voire collaborent à des solutions alternatives.

Bon 1 mai de lutte...  Je me souviens d’un 1 mai à Madrid très chaud, en plein post franquisme pré-constitutionnel, d’un « 1 mai de lutte » à Naples en zone OTAN interdite avec le drapeau noir, d’un 1 mai à Carrara, ville emblématique de l’anarchisme italien. Je me souviens de tant de 1 mai à Paris depuis celui où j’ai participé enfant avec mon père en 68 à ceux où j’ai emmené mes propres enfants, et de tant d’autres encore. Heureusement, l’appel à la grève des loyers aux Etats-Unis, la rent strike, pour ce 1 mai 2020, aura permis de ne pas démentir cette journée internationale de lutte. Et c’est aussi un appel historique à la grève lancé, pour le 1 mai 1886, aux États-Unis par plusieurs syndicats et par le journal anarchiste The Alarm, afin d’obtenir la journée de 8h, qui est à l’origine de notre 1 mai. Pour mémoire, la grève et les manifestations qui s’en suivirent furent durement réprimées jusqu’à l’attentat à la bombe du 4 mai (coup monté pour arrêter la grève et discréditer les anarchistes) alors que la police chargeait un rassemblement à Haymarket. En 1889, le Congrès de la II Internationale socialiste décida d’universaliser la revendication des 8h et établit à cet effet une Journée internationale des travailleurs, en date du 1 mai en l’honneur des anarchistes de Chicago condamnés à mort.

Le 1 mai 2020 ne fera pas date pour la mobilisation, j’aurais rêvé de rues envahies de manifestant.e.s en colère contre les mesures liberticides, la casse des hôpitaux publics, le scandale de la pénurie et du prix abusif des masques vendus illégalement et légalement, la précarité accrue des travailleurs/ses, la réforme des retraites etc. Un énorme merci à ces poignées de militant.es à Paris, Montpellier, Marseille, Nancy et ailleurs, qui ont sauvé l’honneur dans l’hexagone en bravant l’interdit et en descendant dans la rue. Il y a eu une résistance, absolument digne d’éloge, venue en particulier, sans surprise, des quartiers populaires, les plus touchés aussi bien par les difficultés économiques que par la crise sanitaire, que par les violences policières, les unes aggravant les autres. Des assemblées populaires à Montreuil, à Paris dans le XX°, le XVIII° arrondissements, se sont constituées pour ne pas renoncer et se donner rendez-vous pour défiler. Le rassemblement Place Gambetta a été annulé en raison de l’excès de contrôles policiers, des nassages et des verbalisations ont eu lieu à Montreuil, il y a eu 5 interpellations violentes des CRS Place de la République en fin de matinée, et ce malgré le respect des précautions de distanciation (et autres « gestes barrière » (comme le masque auparavant interdit et maintenant impératif, le pouvoir est toujours ubuesque). Bref, le 1 mai était bel et bien interdit de fait malgré le discours de feint regret du Président de la République le matin, sur Twitter, que ce jour « ne ressemble à aucun autre » et adressant « une pensée » aux organisations syndicales « qui ne peuvent tenir les traditionnels défilés ».
Bon 1 mai de luth... Le 1 mai 1968 a abouti à la plus grande grève générale en France, ah « Le joli mois de mai » ! D’humeur mélancolique, j’ai passé la journée dans ma petite ville de province à chantonner et « accordéonner », en écho de la voix moqueuse de Jeanne Moreau : « Rien n’arrive plus dans les bois de Mai, Sur la douce mousse au temps du muguet, On a oublié comment y aller, Les p’tits chemins creux pour y arriver, Ils sont effacés les ch’mins détournés, Vers les bois de mai fleuris de muguet», do do do do doooo si do si la sooool...
Monica Jornet. Groupe Gaston Couté FA

2e chronique
Petite manif personnelle confinée.
Dès 12 heures, mon drapeau anar flotte sur mon balcon.
J’organise un petit concert révolutionnaire bien audible pour mes voisins, fenêtres ouvertes au vent, d’environ 2 heures.
De « l’Internationale » (Eugène Pottier), « Bella ciao » (interprètes anonymes et pluriels), « Le triomphe de l’Anarchie » (par Marc Ogeret), « Les nouveaux partisans » (Dominique Grange), « Flic de Paris » (Jehan Jonas), « Ma liberté » (Georges Moustaki), « L’Hymne des femmes » (par la Compagnie Jolie Môme) en passant par « Hexagone » (Renaud),« Fille de Totos » (par la Chorale Révolutionnaire Solidaire), « The partisan » (Léonard Cohen) pour finir par « Le temps des cerises » (Jean Baptiste Clément , chanté par la Chorale Motivés) et « Les Anarchistes » ( Léo Ferré).

Deux heures et demi plus tard, cette parenthèse musicale se termine. Dans mon bloc d’immeubles, visibles de ma fenêtre, les banderoles revendicatives, syndicales et politiques ne fleurissent pas les balcons. Seuls quelques coups de klaxons se font entendre au lointain … A l’occasion du 1ER Mai ? Je ne saurai répondre à cette question.
Mon quartier reflète en ce jour de luttes l’apolitisme de ses habitants, leur combat pour la survie au quotidien. Il exhale des remugles d’asservissement et de peur des milices armées de l’État.
Mais que cela ne tienne, ce soir à 18 heures, je recommencerai à manifester sur mon balcon en symbiose avec mes sœurs féministes d’ici ou d’ailleurs.
Odile- Groupe Salvador Ségui.

30/04/2020

La Casa de Confinel
J’avoue que quand on m’a proposé de participer à cette chronique, au début j’étais sceptique. Ma vie est trop banale. Écrire dans le site de l’historique Monde libertaire, que je passe mon temps à jouer au ‘‘barbies’’ avec ma fille, pendant que d’autres gens traversent de véritables épreuves, me gênait. Même si le courant dominant (pensée mainstream) veut me convaincre que glander chez soi est un acte révolutionnaire, je ne pense pas que Bakounine eut été du même avis. Rien qu’à Paris, les sans-abris, les infirmières, les caissières ont beaucoup plus de choses à raconter sur leur vie de confiné que moi. Pourtant comme la proposition ‘‘était plus qu’honnête’’ et très gentiment demandée, je n’ai pas pu refuser. Après tout, si ce compte rendu n’est pas digne d’être publié, il ne le sera pas.
Commençons !
Depuis le confinement, chez nous, les jours se ressemblent. Si les jours passent vite, ce temps où les gens manifestaient encore dans les rues et discutaient sur les terrasses de café me parait loin. L’ironie c’est que depuis que j’habite à Paris, je n’ai pas le souvenir d’avoir connu un printemps aussi ensoleillé.
Ce matin après avoir pris mon petit déjeuner, j’entraîne ma petite jouer dans la cour de l’immeuble. Sortie de courte durée. Le voisin d’au-dessus nous balance un œuf cru. Les gens sont tarés. Je monte. Je contemple l’horizon par ma fenêtre. Pas question d’allumer la télé et de m’informer. Cette sur-répétition des mêmes conneries anxiogènes me saoule. J’espère juste que quelqu’un me préviendra le jour ou l’on pourra enfin sortir…
On s’adapte. Tant qu’on n’a pas trouvé suffisamment de courage pour tout quitter et partir vivre en ermite dans les hautes montagnes de Savoie, on s’adapte. Ma fille fait ses devoirs avec sa mère. Moi je travaille sur mon nouveau bouquin. Au moins, ce confinement aura servi à quelque chose. J’en avais marre de corriger le précédent livre sur lequel je travaillais depuis deux ans. J’en ai commencé un nouveau. Ma femme s’arrache les cheveux… [note du correcteur : ce qui fait très grec… Antique !]

Paradoxalement, durant le confinement j’ai limité ma consommation de réseaux sociaux. Enfermé, j’ai tellement de temps à perdre que je n’ai pas envie de le perdre bêtement. Fatigué par l’écriture, je commets le péché d’y jeter un coup œil. Un pote vient de m’envoyer un lien douteux. Une sorte de théorie de complot-apocalyptique. Ça a l’air louche, je ne l’ouvre même pas. Même si la fin du monde était pour demain je n’ai pas forcement envie de le savoir.
Une heure plus tard, stressé, ce pote m’appelle :
« - T’as lu l’article ? T’en penses quoi ?
- Je n’en sais rien moi, rien…
- Allez dis-moi, c’est important… C’est grave non ? Tu t’en fous ou quoi ?
- S’il te plait calme-toi …
- Comment se calmer, si on ne réagit pas maintenant, après ce sera trop tard…
- Si c’est aussi urgent, qu’attends-tu ? Pourquoi tu ne te révoltes pas ?
- Seul ? »

Je me tais… J’essaie de changer de sujet. On se raconte deux-trois conneries et je raccroche.
Réagir ? Comment ? Pourquoi ? Au service de qui et de quoi ? Bien sûr que rien n’est clair en ce moment. Bien sûr qu’il est normal de se poser des questions. Ce n’est pas le fait de douter que je critique. Ce qui me dérange c’est que dans leur plus grande majorité, toutes ces théories naissent dans des milieux d’extrême droite. Si aujourd’hui, plus que jamais, mes libertés sont menacées, ce n’est certainement pas les fachos qui vont les défendre. Par perversion je l’ouvre ce lien. Un amas de haine, de redite et de clichés. Je dépense suffisamment d’heures à étudier les délires mystico-prophétiques de Tôto le Mômo, pour en vouloir davantage. Si au moins l’auteur de ce truc avait l’imagination d’un Wagner, le cran d’un Genet ou l’audace d’un Céline peut-être que je l’aurais lu. Mais c’est creux, ennuyeux et intellectuellement très peu simulant. Je suis confiné, je n’ai pas du temps à perdre.

Combattre les cons, rend con. Je ne tomberai pas dans ce panneau. Quand on aura rendu nos vies tellement exaltantes au point d’oublier l’existence et le nom de notre président, quand la liberté, l’égalité et la fraternité ne seront plus des devises mais des guides-principes, quand la qualité primera sur la quantité, quand le bon sens remplacera la sottise… alors il y aura peut-être une lueur d’espoir. Je n’ai jamais cru aux systèmes et aux organisations. Quelles que soient les intentions premières, tôt ou tard, d’une façon ou d’une autre tout est récupéré. Au lieu de dépenser notre temps et énergie à la maintenance de systèmes, apprenons à défendre nos principes, sans étendard. Au lieu de nous éparpiller à combattre des crétins, même si ce n’est pas toujours évident, essayons de l’être un peu moins. En tout cas ce n’est pas en cherchant des théories du complot sur des écrans qu’on se libèrera de nos écrans…

Bon bref, suffit la prise de tête à trois balles devant mon écran ! Je me prépare pour ma petite ballade journalière. Je signe le papelard, je descends les escaliers et je sors. Il fait beau, l’air est pur, les rues sont calmes. J’aime me faufiler dans les petites ruelles inconnues. Cela fait quatre ans que j’habite dans ce quartier et il aura fallu que je sois confiné pour le découvrir. Même si j’ai moins le droit de sortir qu’avant, est-ce que je sors moins pour autant ?

J’observe les gens… Laissons de côté ceux qui en bavent. Car à cause de ce corona-machin, il y en a qui en chient vraiment. Pensons aux autres… À tous ceux qui hier encore faisaient des boulots à la con, inutiles et nuisibles. Je parle des banquiers, des soldats, des comptables, des grands et petits chefs, des tradeurs et des poinçonneurs des Lilas (Hélas les flics sont toujours là). Eh ben, rien que le fait que ces gens travaillent moins et passent plus de temps avec leurs proches, c’est déjà évolution. Les animaux sauvages respirent, on pollue et consomme moins. C’est déjà énorme.

Retour à la maison. On dine et puis on se tape en famille, un épisode de la très ‘‘contestataire’’ Petite maison dans la prairie. Des cowboys racistes poursuivent des Indiens… Ma fille s’emporte : Je n’aime pas les racistes ! Je ne le lui montre pas, mais je suis très agréablement surpris de sa réaction. Ensuite elle me demande : « Papa, est-ce que c’est bien d’être raciste des racistes ? Je suis ferme : « - C’est mal ! Ce n’est pas les racistes qu’il faut combattre mais le racisme »… Elle me répond : « Tu sais quand t’es raciste des racistes, t’es raciste de toi-même »… Finalement rester enfermé chez soi et parler à son enfant (plutôt qu’à son patron), ne te rend pas forcément plus con.
Diafoirus. Auteur d’ Antonin Artaud, l’anarchiste courroucé aux éditions Libertaires

29/04/2020
Une chronique de Madeleine Proust
Si on m’avait dit qu’un jour je devrais me signer un mot pour avoir le droit de sortir de chez moi… Eh ben j’y aurais pas cru ! oh, mais, on aura tout vu hein ! …
Dis Simone, les gendarmes ils ont voulu mettre une amende au Jean-Louis parce qu’il n’avait pas son attestation sur son smartphone !
Mais il s’est pas démonté, lui hein ! Dis, il s’est pas laissé faire !
Il leur a dit « Depuis quand chaque citoyen doit avoir un smartphone ? C’est la dictature ou bien ? Hein mettez-nous une puce sous la peau tant qu’vous y êtes ! »
Ah il était feu en colère hein. Ah ben les gendarmes ils ont été tout déconfits et pi ils l’ont laissé passer.
Nan mais dis, on veut bien respecter les règles mais faut pas nous prendre pour des moutons pi des ânes. Hein toi Simone ?
Le Jean-Louis, y dit, l’ironie du sort, c’est que l’histoire se souviendra d’un pays, la France, qui a été mis en arrêt par un gouvernement qui s’appelle En Marche ! Elle est pas mal celle-là !

Comment être immunisé quand on est confinés ? Alors, si j’ai bien compris: Pour pas s’contaminer, faut se confiner, pour se déconfiner, faut être immunisé mais pour être immunisé, faut se faire contaminer pi pour se faire contaminer, y faut s’déconfiner! Pi après alors, on va se reconfiner? On n’est pas sorti de l’auberge, nom de dzi!
Pi alors avec leurs discours ! Y nous parlent pendant des heures de temps pour ne rien dire ! Comme que comme, le plus dur pour un homme politique, c’est d’avoir assez d’mémoire pour se rappeler de c’qu’il ne faut pas dire !
Justement en voilà encore une bonne : La Sibeth Naj... Nadj, la porte-parole du gouvernement elle a dit que le 11 mai, l’école sera facultativement obligatoire sur la base du volontariat non bénévole.
Faudrait une porte-parole interprète pour traduire ce qu’elle veut dire !

Le premier ministre, Louis Philippe , il a dit: Pour le déconfinement, tout est prêt pour le 11 mai. Il ne reste plus qu’à fixer une date! Alors on attend!
Pi en plus, le 11 mai, c’est la journée mondiale des espèces menacées. Ah ils les feront toutes ! C’est pas Dieu possible ! Faut le voir pour le croire !
Le voir… j’ai RV à mon ophtalmo qui était le 30 avril. Oh ben il a annulé. Oh je l’avais pris en 2015, dis ! Ben dis donc, si y faut rattendre 3 ans, on veut devenir aveugle !

Le gouvernement nous annonce le déconfinement à l’horizon ! Mais j’ai regardé dans le dictionnaire le mot horizon : C’est une ligne imaginaire qui recule au fur et à mesure qu’on s’en approche. Eh ben, on n’est pas près de déconfiner !
Lola « Madeleine Proust » Sémonin

Pour retrouver les chroniques de la 6e semaine
Pour retrouver les chroniques de la 5e semaine
Pour retrouver les chroniques de la 4e semaine
Pour retrouver les chroniques de la 3e semaine
Pour retrouver les chroniques de la 2e semaine
Pour retrouver les chroniques de la 1ère semaine










PAR : Pierre Sommermeyer and Co
SES ARTICLES RÉCENTS :
Ultimes chroniques du confinement
Un jour de plus, le mardi 28 avril, 6e semaine des chroniques du confinement
C’était hier, le mardi 21 avril. 5e semaine des chroniques du confinement
Hier, mardi 14 avril ... suite des chroniques du confinement (4e semaine)
Hier. lundi 6 avril ... suite des chroniques du confinement (3e semaine)
Hier. lundi 30 mars... nouvelles chroniques du confinement (2e semaine)
Chroniques du confinement (1ère semaine)
Réagir à cet article
Écrire un commentaire ...
Poster le commentaire
Annuler

1

le 4 mai 2020 11:18:54 par Pat

Merci à toi, Alice pour ce récit on ne peut plus clairvoyant, réaliste et qui change de "l’évangélisation à l’applaudimètre" du métier de soignant !
Bises et courage à toutes et tous,
Pat ( ex-infirmier psy au début de son parcours )