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par Loran le 30 décembre 2019

Ancien article : Vercingétorix votera Macron

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Article en "une" de monde-libertaire.net le 6 mai 2017

Ça y est ! C’est l’heure des doutes chez quelques compagnons et l’heure des rodomontades pour les militants de l’urne. « Alors, hein, les anars, hein, vous faites le jeu du FN, hein ». Vous entendez la bonne vieille tartufferie républicaine de pacotille ? Celle qui vous somme d’obtempérer à l’ordre … pardon, à la liberté (ou au devoir, tout ça est bien confus) durement acquise par des hordes de courageux libérateurs assoiffés d’émancipation : la liberté de voter. Mes aïeux, que c’est beau !

Bien sûr, l’échéance approche, alors l’impératif se mue en angoisse au point qu’une bienveillante tendresse m’étreint. C’est toujours émouvant un bambin qui a perdu son doudou.

La leçon du jour de nos chers professeurs en bienséance démocratique, c’est « m’enfin, Le Pen et Macron, tu vas pas me dire que c’est pareil, tout de même !!! ».


Ben, non. Mais voilà, je crois que l’argument ne va pas suffire.


Le refus anarchiste de participer aux élections présidentielles n’a rien à voir avec l’idée que tous les candidats se valent. Il repose essentiellement sur la dénonciation d’un système autoritaire dont la santé se mesure justement au niveau de participation populaire à son maintien. Les élections construisent l’asservissement.

Rien de neuf dans ce que je dis.

En revanche, la nouveauté, et il me semble qu’elle est de taille, c’est la redéfinition du paysage dit "démocratique" proposé aux électeurs.

Le Pen comme Macron ont tout intérêt à abattre les fondements historiques de répartition des options politiques. Très clairement, ils souhaitent tous les deux remplacer (d’ailleurs, ils le disent volontiers à qui veut l’entendre) les tensions droite-gauche, autrement dit les termes de l’exploitation, par une nouvelle tension : nationalisme contre libéralisme (en tentant au passage de nous faire croire que les deux sont incompatibles alors même qu’ils se nourrissent l’un l’autre). Il s’agit purement et simplement d’une redéfinition fascisante des socles de réflexions politiques. Cette nouvelle donne efface définitivement les notions de classe, elle broie le verbe qui exprime les intérêts des travailleurs, des chômeurs, des immigrés... de tout ce qui pouvait trouver résonance dans l’opposition droite/gauche.
Après s’être fait piller le droit de décider pour lui même, le peuple se fait voler le langage de sa pensée politique. Il gravit une étape supplémentaire de son propre esclavage.

Voter Macron, c’est participer à la construction d’une société toujours plus servile. Voter Le Pen, c’est y ajouter le goût de la mort.

C’est pas la même chose, c’est vrai, la mort c’est pas un détail (spécial dédicace). Mais la moindre participation (y compris le vote blanc ou nul) ne sera évidemment entendue que comme la validation directe du système de dépossession des décisions.

Il me semble important de mesurer dès maintenant l’intérêt commun des deux candidats : la suppression de la conscience de classe (enfin... ce qu’il en reste).

Donc, non, je n’irai pas plus voter cette fois-ci que la dernière ou la prochaine. Mon engagement contre le FN consiste à agir à son encontre, pas à valoriser l’exploiteur qui prétend m’en protéger. Que ceux qui veulent y voir un parallèle avec les seigneuries soient rassurés : ils ont tout bon.



PAR : Loran
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