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Nouvelles internationales
par Abdou le 10 février 2016

Nouvelle vague de contestation des jeunes en Tunisie.

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Quelle réalité ? Quelles perspectives?

Fortement remarquées ces derniers temps, des manifestations de chômeurs jalonnent la Tunisie. Défavorable à cette réapparition de l’action populaire, l’État, voyant l’ordre renversé, décide de mettre un terme à cette longue mobilisation. La solution magique fut « La cocotte minute sociale » : faire passer des hommes pour des bêtes sauvages, qui cassent et volent, justifiant ainsi le couvre-feu nocturne mis en place par la suite. Seulement, la « batterie » de ces jeunes n’est pas encore usée. Tout recyclage est impossible et les protestations continuent. Car à force de s’enfoncer dans la misère et dans la résignation, ces jeunes voient leur droit de vivre s’évaporer face à la hausse suffocante des prix, à l’augmentation de la rétention et face à la mauvaise qualité des services sanitaires. Les promesses des partis politiques en 2011, qu’on peut d’ailleurs traduire en mille langues, ont été drôlement fantaisistes et insoucieuses. Voire, ils ont pu hypnotiser et transformer ces rêveurs en un livre de poche, facile à lire et facile à mettre dans la poche. Le résultat est choquant : actuellement, on a 700 000 chômeurs, sans y compter les marginaux et les indigents. La classe moyenne fait aussi partie de cet enclos à « bestiaux ».

Il est vrai que les toutes premières protestations et manifestations ont été mal organisées et, ne couvraient pas la totalité du territoire tunisien, comme celles ayant eu lieu aux mois de décembre-janvier 2015 rassemblant, uniquement, la masse résistante de l’UGET (Union générale des étudiants de Tunisie) et l’UDC (Union des chômeurs). Mais par la suite, tous les gouvernorats ont été touchés et spécialement le berceau des luttes sociales de 2008, suite à la révolte du bassin minier à Gafsa, celles des incidents de décembre 2010, à Sidi Bouzid, couronnées par celles de Kasserine par la suite. Ainsi, tous les chômeurs se mobilisent pour défendre leur cause unique et revendicative : travailler.

Force est de constater que ces manifestations ont été marquées par leur pacifisme, sollicitant l’égalité des chances, dénonçant la corruption et les embauches à titres relationnels et ce, par l’occupation de tous les établissements et de toutes les administrations. Citons l’exemple des protestations qui ont eu lieu à la ville de Jebeniana, qui fait partie du gouvernorat de Sfax, chassant le maire dont son poste est perçu comme futile (voir le communiqué ci-après).

La réaction du gouvernement était en quelque sorte attendue. Car au lieu de panser les cicatrices, ils ont, au contraire, accusé ces protestations de barbarie et d’illégitimité voire d’utopie, sous prétexte que l’État passe par des moments difficiles. Les partis politiques sont eux-mêmes accusés de complotisme. Ainsi une bande de délinquants déferle un peu partout, commettant des cambriolages, des dommages et des incendies, justifiant ainsi l’emploi de la terreur policière par la suite. Cette comédie habituelle ne peut atteindre son but que par le terrorisme, qui d’un coup éclate et sème la peur à chaque fois que le peuple se soulève pour demander ou dire non. Bref, celui qui pisse contre le vent, se rince les dents. Chercher à comprendre est bel et bien futile, car nous ne sommes pas une mafia. En fait, les marionnettistes, qui détiennent le vrai pouvoir et l’orientent à leur guise, sont les rois du fric. N’empêche, la prise de conscience a rendu impossible toute tentative d’émiettement du peuple. Et, à l’avenir, les protestations vont s’accentuer, quel que soit le risque encouru.

Malheureusement, l’avènement des idées d’autogestion des biens et des affaires au niveau des localités, des lieux de production et des régions n’est pas encore le mot d’ordre du jour qui oriente la lutte de ces défavorisés du système.

L’absence d’organisation de lutte sociale ayant la volonté d’accompagner le peuple dans sa lutte et de faire face à toutes les manipulations politiques, policières et médiatiques est un facteur de ralentissement des contestations et des luttes.



Communiqué

Nous, la population de la ville de Djébéniana, occupant le local de la délégation, faisant suite à la fuite du délégué de la région et à l’importante manifestation organisée par les militants et militantes de l’Union Général des Étudiants de la Tunisie (UGET) et de l’Union des Diplômés Chômeurs (UDC), et avec le soutien du mouvement des élèves dans la région, déclarons ce qui suit :

- Le refus catégorique de toute politique de mensonge suivie par les autorités.
- Le soutien total de toutes les formes de lutte visant la mise en exécution des revendications populaires et essentiellement celles relatives au droit de travail, de liberté et de dignité loin des forme d’esclavage qui se basent sur le travail dans les chantiers temporaires.
- La régularisation de la situation des travailleurs affectés aux chantiers sous de mauvaises conditions ou des travailleurs à titre temporaire.
- La constitution d’un comité de gestion des affaires de la délégation en attendant la mise en place d’un comité permanent qui remplacera l’autorité régionale au cas ou il n’y aurait pas de solution adéquate.
- Nous appelons les autres régions de la Tunisie à la mise en place, chacun dans sa localité, de comités de gestion afin de mettre notre main sur l’autorité, dans l’absence de solutions urgentes, face au besoin de développement et de travail dans les régions défavorisées.

Enfin, nous appelons tous les intéressés de la ville de Djebéniana, cette ville de résistance, à rejoindre l’occupation au local de la délégation afin de délibérer sur les points cités ci-dessus.

Le travail est une obligation - bande de voleurs
Travail – Liberté - Dignité
Ni peur - Ni horreurs - l’autorité revient au peuple
Le peuple veut la chute du pouvoir


Djébéniana le 21-01-2016
PAR : Abdou
(Tunis)
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