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Anti-capitalisme
par Michèle Victor le 4 mai 2020

Après, rien ne sera plus comme avant...

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Lettre ouverte

I
ATTERRIR

Il y a 12000 ans, nous étions dix mille sur terre. Suite à la grande glaciation, le réchauffement climatique a repoussé les glaces vers les pôles. Nomades, nous sommes chasseurs cueilleurs. Au Mésolithique, nombre d’entre nous se sédentarisent et deviennent cultivateurs, éleveurs, potiers. La suite, on la connaît.
Au fil de notre histoire, et plus que jamais durant ce dernier siècle, notre génie aura-t-il consisté à commettre des actes imbéciles avec une compétence indéfiniment renouvelée ?

Après... La grande (dés)illusion ?
Par quel miracle se produirait un changement radical, alors que l’énormité du chantier, le poids des habitudes, l’ennui de devoir se pencher sur des questions irritantes, l’inertie hypocrite des élus malgré nous, laissent augurer que tout va recommencer, en pire ?
Serions-nous mithridatisés au point de ne plus pouvoir analyser ce qui nous a formatés
jusque dans les replis les plus enfouis de nos consciences ? L’autocensure nous gouverne
plus encore que ce qui nous réprime. Nos mauvais plis ne risquent-ils pas de nous engager à un fatalisme devenu mode fonctionnel de non-pensée, de non-action ? A force d’attendre demain, nous voici ankylosés, perclus de rhumatismes, souhaitant qu’on en finisse, qu’on nous empaille et qu’on nous expose au musée de l’homme. Les futurs visiteurs du musée vont se pincer en découvrant que nous avons disparu suite à l’auto-destruction de notre écosystème.

Utopistes, rêveurs, irréalistes, nous ? Serions-nous si timorés que la moindre ironie
symptomatique nous accable. Qui est dans l’utopie, qui est hors du monde réel, qui est hors-sol ? Les boursicoteurs, la grande industrie, les banquiers, ceux qui tiennent la bride courte
aux politiciens qui y trouvent leur compte quelle que soit l’étiquette sous laquelle ils se planquent en compagnie de leurs armées et prêtres bien décidés à en démordre. Le mensonge d’État s’est vu institué en vertu nationale et le mythe de la méritocratie imposé comme principe de survie. Dans une sublime réconciliation téléologique, tout est ficelé, propre, réglementaire. Ce qui risque de salir la tapisserie est séance tenante aseptisé. Alors... La grève générale ? Une révolution ? La débâcle économique ? Allons, foutaises, ils sont persuadés que rien ne les menace plus. Notre torpeur leur donne-t-elle raison ? A quelle sauce vont-ils nous recuisinés dans les heures qui viennent ? L’obsolescence du vivant est-elle programmée ? Avons-nous encore une place sur terre, notre seul espace de vie ? Pour s’en assurer, faut-il s’inscrire, s’abonner, encore se faire mettre un peu plus ?

Suite aux perturbations virales qu’on sait, la Banque centrale européenne injecte encore des centaines de milliards. Pour quoi faire ? Pour rassurer les marchés financiers et engager une reprise économique. Les indices boursiers remontent. Les palabres sur la transition énergétique peuvent continuer. Vont donc s’accélérer les pollutions endémiques, la disparition des espèces - à quand la nôtre ? L’économie libérale, dont on sait historiquement qu’elle génère mensonges, scandales, dégâts sociaux et catastrophes environnementales, primerait donc définitivement sur la vie terrestre ? Serions-nous rendus au seuil du pire ?
Notre présent se réduit-il au prélude de l’horreur qui vient : mutations de virus, pandémies à répétition, suicides, meurtres généralisés suite à l’exaspération et aux angoisses incontrôlables, guerres, famines, étaux sécuritaires surmilitarisés.

Les crises récentes (Grèce, Irak, les guerres économiques et sur le terrain, l’irréversible mutation écologique...) et celles qui leur ont précédé sont issues du modèle ultralibéral qui nous écrase. Leurs conséquences démontrent que les tentatives d’insurrection contre ce modèle n’étaient pas adéquates. Quant aux utopies totalitaires, l’Histoire en a suffisamment démontré les processus destructeurs.

La baisse de pollution due à l’arrêt des activités par le confinement permet de mesurer l’incidence démente de nos modes de vie sur notre environnement. Le concept, consensuel et superstitieux, de progrès s’effondre. L’homme-machine perdu dans le monde-machine pue la mort.

Tiens, c’est le moment de laisser la parole à deux ou trois qui ne l’ont pas. Le ferronnier Abdel fabriquait des objets uniques, beaux et utiles, il prenait le temps, choisissait les métaux, fignolait ce qu’on lui commandait, jusqu’à la visite d’un gars qui lui proposa d’en faire en série. Abdel lui précise son tarif et les délais, l’autre se marre et lui explique : fonce, on s’en fout, tu nous en fais un max au prix de gros que je t’ai dit et ça ira comme ça. Abdel et son frère s’y sont mis comme dit. Son frère, devenu dingue s’est mis à picoler ; quant à Abdel, il ne souvient même plus de son art. Des comme eux, ça pullule, ceux qui ne savent plus monter un mur en terre parce que les parpaings c’est plus rapide, ceux qui ne savent plus tourner un pot et qui peinturlurent parce que l’émail c’est du boulot d’avant, ceux qui vendent des machins synthétiques made pur chinois dans les souks parce que tondre, carder, teinter, filer et tisser, c’est un truc d’avant. Ces gars, je les connais, ce sont des amis qui habitent là où je vis depuis des lustres. Des comme eux, il y a que ça et ils aimeraient bien que ce turbin minable cesse, pas besoin de leur expliquer, il suffit de les écouter.
J’ai aussi rencontré un vieux, un berger qui monte chaque jour dans la montagne, à quelques encablures de son douar paumé dans l’Atlas. Lui, il travaille au couteau, un petit couteau pointu avec lequel il sculpte. Assis sur une pierre, il fabrique avec une racine ramassée à ses pieds n’importe quel animal, c’est un génie, un mouton, un éléphant, un chameau, il fait ce qui lui chante ce jour-là. Quand il redescend avec ses moutons, les enfants du douar l’attendent. Il donne ce qu’il a fait à celui qui n’a encore rien eu. Un jour, un gars qui passait par son douar lui a suggéré de vendre ça à Marrakech. Le berger a failli s’étrangler tellement ça l’a fait se marrer d’entendre un truc pareil. Des gars comme lui, y a que ça, il suffit de les rencontrer.


L’état des lieux est fait. L’inventaire aussi. Moi, toi, vous, nous savons tous ce que signifie rien ne sera plus comme avant. Que faire ? Sans illusion, sans répit, sans retour, nous avons rudoyé notre petit arsenal de neurones anesthésiés afin de ne pas rester le cul par terre à
rugir de douleur.

Alors, on fait quoi maintenant ? L’impossible. C’est ce que nous hurlons du haut du toit du monde, nous visons l’impossible.

Un système crée ses limites et ses contradictions. Pour en sortir, il faut concevoir un autre système. Ce n’est pas en améliorant la bougie qu’on a inventé l’ampoule électrique. Dixit Einstein. En instaurant de nouveaux gestes qui fassent barrage aux virus économiques qui nous détruisent, nous initions un autre système.

APRES... C’est maintenant !
Comment ?

On sait que les institutions sont contraires à l’établissement d’un monde libre, égal et fraternel. Le
premier pas consiste à sauter hors des passages cloutés par l’institutionnel.

On se déconfine d’abord ou on commence tout de suite ? Tout de suite. Parfait.

Tous seuls. En apparence. Isoler pour régner, c’est le principe premier de tout pouvoir. Comment se retrouver pour se concerter et agir ? Coincés dans nos cuisines, nous mijotons virtuellement un protocole d’actions sans attendre que la déconfinance se profile. Villes, campagnes, partout où nous sommes et ailleurs dans le monde, ça carbure. Les outils libres et passablement sécurisés, ce n’est pas ce qui manque. Nous sommes rapides, discrets - des indiens. En parallèle, chassé-croisé, à l’envers, par dessus ou dessous, nous mettons en réseau nos expériences et tricotons avec ou sans ceux qui occupent les bureaux des mairies de nos quartiers. L’espace communal, c’est à partir de là, et là seulement, que nous voulons être présents, c’est à partir de là que nous pouvons nous engager vers l’impossible.

Plus comme avant
Nous tenant à l’écart du cadavre exquis d’une croissance qui ravage tout sur son passage, une croissance qui s’est vue brutalement interrompue par Corona, l’air redevenu léger nous a confirmé qu’il fallait d’urgence et par tous moyens abattre les systèmes productivistes.
Sans contraintes, pas de libertés. Les contraintes sont choisies en fonction de ce que nous visons : démocratie directe (autogestion des décisions politiques, économiques et territoriales) et municipalisme confédéraliste. C’est le fondement de notre charte sociale dont la commune de Lyon en 1870, celle de Paris en 1871, celle de Kronstadt en 1921 et celles d’Aragon et de Catalogne en 1936 en sont les prémices historiques. Cette charte sociale exclut l’état-nation et le capitalisme. Sa mise en œuvre, graduelle et radicale car non réformiste, s’effectue par le biais de conseils mandatés lors des assemblées de communes.
L’organisation communale, dont nous veillons à ce qu’elle soit exempte de bureaucratisme,
de prévarication et de manichéisme, a pour but d’établir et de faire respecter les décisions prises en assemblée et ce sans distinction de classes. Tout écart non concerté entraîne la fin du mandat de celui des responsables communaux qui s’est dédit. Nous ne dissocions pas les court, moyen et long termes.
Nous décidons, quel qu’en soit l’impact, que les risques et les impasses susceptibles de barrer notre élan ne seront pas rédhibitoires. Nous sommes portés par les idées que nos ancêtres historiques ont émises et défendues (relire notamment Proudhon, Kropotkine, reclus, Boockchin ...). Nous savons que leurs tentatives furent bafouées, perverties, assassinées et parfois hypocritement récupérées par leurs adversaires.

Pensées pratiques
Les droits du vivant, l’abolition des privilèges, la laïcité, ces principes fondamentaux sont prioritairement à l’ordre du jour et appliqués par les responsables communaux – à savoir, potentiellement, chacun de nous. La liberté d’opinion, la liberté de la presse, la libre circulation des personnes sont la résultante d’une vie sociale qui tient compte de chacun et de tous, solidaires (liés par une communauté d’intérêts) et conscients de faire partie d’une collectivité responsable (qui assume ses actes) dans le cadre précis du précepte Penser global/Agir local. Ces mots frôlent la langue de bois... Je fais au mieux, à vous de voir et de rectifier, c’est dur d’être au poil à chaque pas engagé vers le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui – eh, on a parfois besoin d’un petit Mallarmé sous le coude !

Résolutions pragmatiques
Il s’agit d’abord de faire barrage, par chacun de nos choix et chacun à sa mesure, à la reprise économique programmée.
Ayant défini ce qui apparaît pour chacun de nous l’essentiel, nous appliquons concrètement ces choix dans la vie quotidienne. Au regard des forces mises en conflit (nos vies/leurs profits) il apparaît idéaliste que soit mis en œuvre ce que nous visons.
Qu’advient-t-il des beaux sentiments, de la noblesse d’esprit, du courage de nos pensées face à la barbarie ?
Faut-il, vertige de l’histoire/inexorable mécanique du déclin de l’espèce humaine, verser notre sang et celui des autres ? Nous trahirions ce qui nous anime.




II
AGIR

Nationalisation des secteurs de l’énergie, des banques, des transports publics, de la santé, de l’éducation et de la culture, zone par zone. A gestion autoporteuse, ils ne dégagent aucun profit et équilibrent les budgets par des cooptations entre les différents partenaires pour chacun des secteurs concernés.
Une étude en recherche et développement, indépendante des lobbies nucléaires, s’attaque aux graves problèmes du démantèlement et du remplacement des centrales par d’autres sources énergétiques, diversifiées zone par zone en fonction des spécificités naturelles. La consommation d’énergie devient raisonnée dans tous les secteurs d’activités.
C’est un sacré chantier. Déjà en cours pour beaucoup d’entre nous, ça bricole dur sans qu’il y paraisse, pas de panique. Quelle témérité, se prendre en main dans ces secteurs, mais c’est ça ou rien.

La question des transports aériens et maritimes se règle par l’engagement et le respect d’un quota fixé pour les déplacements personnels. Nous disposons d’un nombre limité de km par an et par personne. A nous d’en user comme il convient. Terminé, les figurants de la grande parade cultu(r)elle se photographiant le dos à la Joconde et détruisant les patrimoines mondiaux. Un quota en fonction de l’obligation de se déplacer sur de longues distances est défini pour les déplacements professionnels, sachant qu’en privilégiant les activités à moindre distance, ces déplacements se réduiront progressivement.

Pour les transports routiers, des carnets de bons de carburant sont vendus dans chaque zone communale pour l’année et tamponnés à chaque plein. Les moteurs polluants sont en voie de disparaître car l’achat de véhicules propres est rendu accessible grâce à un partenariat avec
industriels novateurs (hydrogène, air comprimé, électricité solaire, pneumatique, etc.). Vitesse et puissance des véhicules sont abandonnées au profit d’une qualité de vie disparue depuis trop longtemps.
Les produits agricoles et leurs transformations sont régionaux. Aucun camion venant de plus de 100km n’est autorisé à rouler. Le transport des produits sur le territoire s’effectue par train. Plus de containers en provenance de Chine et d’ailleurs. On fabrique sur place.
Le secteur de la construction fonctionne selon le principe de désengorgement des villes par la création de cités-jardins à taille humaine. Les modes constructifs rétablissent l’utilisation matériaux locaux peu polluants induisant le minimum d’énergie grise. Les lieux de vie sont définanciarisés et ne dégagent aucun profit. Ils s’inscrivent discrètement dans le paysage et n’en modifient pas la richesse naturelle. Fini, le stress dû aux pollutions sonore et atmosphérique. Finie, la crispante sensation que l’enfer c’est les autres et que nous sommes tous malades d’une peste intérieure.

Les moyens de production et l’organisation des activités sont autogérés. Le travail s’organise selon les nécessités de chaque secteur d’activité. Ceci crée une quantité considérable d’emplois utiles et librement choisis. Fini, le travail qui détruit l’esprit et la santé sans contrepartie économique décente. On a poubellisé la rupture mystificatrice intello/manuel et son cortège de prérogatives pompières dont le crime profitait à ceux qui, comme toujours, au bal des pompiers dansaient. Comprenne qui veut. La compétition est remplacée par l’entraide. Personne au-dessus et personne en dessous, chacun participe au mieux de ses moyens physiques et intellectuels, sans crainte d’être écarté.

Les impôts sur la fortune et les bénéfices des grandes sociétés sont répartis en proportion des besoins. Les besoins étant moindres, un équilibre s’établit. Le monde marchand perd de la vitesse et, inversement, le monde du vivant reprend ses forces.

La culture des terres, devenue extensive, voit renaître les espèces naturelles dont la biosphère avait disparu. Les productions locales améliorent la qualité de vie et la santé de tous. La chasse est interdite. Le service communal des Eaux et Forêts maintient l’entretien et la surveillance des espèces animales et végétales. Nouvelles pratiques, nouvelles attitudes.
L’observation du vivant est sereine, tous les chemins, sentiers, forêts, plages sont libres d’accès. Le désir de traverser librement les lieux de vie en veillant à leur protection prime sur tout autre. Ce sont les fondements d’un naturalisme éthique, d’une écologie sociale qu’aucune COP depuis celle de Rio en 1992 n’a effleurés. Il paraîtrait que nous ayons spontanément le profil écocitoyen, puisque nous nettoyons dedans et dehors, sauf que ça nous prend trois secondes puisque nous n’avons rien sali ou presque. Le Biosupermarket nous court après avec sa camelote verte, il ne nous rattrapera jamais.

Les anciens services d’ordre ont généré désordres et tueries. On ne peut imaginer une société juste par des moyens injustes. La régulation des conflits et doléances dépend de chaque commune. La proximité et la connaissance des personnes en conflit vivant dans la commune permettent une approche concertée des problèmes posés. Les contraintes sont débattues et appliquées par des membres de la commune à tour de rôle et en fonction des compétences dont ils font preuve. Toute atteinte à la vie et à la sécurité des personnes entraîne une période de réhabilitation par une activité pour le bien commun. Les pratiques sont peu ou non coercitives, l’écoute et la discussion, l’insertion et la probation priment avant toute décision.

En France, la démographie a doublé en un siècle. Dans d’autres pays, c’est pire. La Terre ne peut plus suivre ce rythme d’exploitation démentiel. Désormais, la régulation des naissances se fait par des procédés connus de longue date qui sont appliqués globalement et systématiquement. Nous contribuons à ce que nos enfants, les enfants de nos enfants et tous les autres héritent d’un monde digne d’eux.

Connais-toi toi-même ne veut pas dire : sache qui tu es, mais : sache quelle est ta place en ce monde.

Michèle Victor
Avril 2020
PAR : Michèle Victor
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1

le 4 mai 2020 17:21:07 par René

Pour les vieux schnocks de ma génération, ça fait un peu penser à "L’An 01" réactualisé, mais c’est une bouffée d’air frais et en plus tout ça me paraît faisable.

2

le 4 mai 2020 23:16:39 par Bérangère

Ni utopiste ni idéaliste, mais clair et réalisable.

3

le 5 mai 2020 00:17:45 par Mostowski Luisa

Un Grand MERCI !
Après avoir survécu à tant de luttes tragiques, l’anarchisme est, par sa pensée, plus vivant que jamais, le combat d’aujourd’hui !

4

le 11 mai 2020 12:52:39 par Aupetitgendre JF

L’enfer étant pavé de bonnes intentions et le diable se cachant dans les détails, je me suis permis d’en repérer quelques-uns dans ce programme que, globalement, je signerais sans hésitations :
"Nationalisation des banques...." Et pourquoi pas supprimer les banques ? Parce que le profit n’est pas exclu dans ce programme, pas plus que l’échange marchand et son médium argent et c’est une erreur. Dès l’instant qu’il y a une possibilité de faire du profit, le plus fort, le plus malin y gagne. Toute l’histoire des civilisations, depuis que l’argent a été inventé, montre que l’accumulation et l’accaparement par des intérêts privés du profit est un effet mécanique intrinsèque à l’échange marchand. C’est vérifiable dans toutes les configurations politiques, toutes les époques, toutes les cultures. Or, on a tous les moyens techniques de passer de l’échange marchand à l’accès sans condition aux biens, services, savoirs, compétences…
"La question des transports se règle par le respect d’un quota….." Qui va fixer les quotas ? Qui va réguler le régulateur des quotas ? Le système de l’accès règle le problème autrement : la question étant “il y a ou pas” et accessoirement “c’est utile pour la collectivité ou pas” il est plus simple, plus souple et plus juste de se poser ces questions à chaque fois…
"des carnets de bons de carburant sont vendus….." On en revient aux carnets d’alimentation de la seconde guerre et on sait qu’ils ont produit le marché noir. Mettre en accès libre au lieu de vendre résout le problème.
" Le travail s’organise…" Visiblement, on reste dans un cadre d’emplois, de salariat ( normal si l’on garde l’argent ). Avec l’accès, chacun aurait de quoi subvenir à sa reproduction matérielle. L’expérience prouve que tout peut s’organiser sous la forme d’activités librement choisies, de volontariat, sans nécessité individuelle ni recherche de profits… Si ça a marché à NDDL, ça peut marcher aussi à grande échelle…
"Les impôts sur la fortune et les bénéfices des grandes sociétés…" Il y aura donc des fortunes, des grandes sociétés, et donc des inégalités sociales mais aussi de pouvoir. Comment un citoyen lambda aurait-il autant de pouvoir que celui qui est en mesure de payer un impôt sur la fortune ?... Si tout le monde a accès aux biens et services, il faut que nul ne puisse être riche, ou plutôt, que nous soyons tous riches. Pourquoi des impôts si nous décidons de prendre collectivement en charge des travaux ou des services communs, avec les moyens dont nous disposons, et sans profit ni échange marchand ?...
"La régulation des conflits dépend de chaque commune…" Dans le système de l’accès, il est prévu des “comités de conciliation“ qui gèrent les conflits au niveau où ils se posent : individuel, communal, régional, national, international. Ce qu’il faut viser entre ces niveaux, ce n’est pas des différences qualitatives mais quantitatives. Une justice communale peut aussi bien être proche, contrôlable, équitable que féodale, arbitraire, abusive…
Tous ces “détails” sont peu à peu traités sur le site [LIEN] critiqués et améliorés quotidiennement. Si l’on veut qu’une majorité adhère à un “autre après possible”, il faut qu’il soit réaliste, bien construit à tous les niveaux, locaux et globaux, et en plus qu’il soit jouissif, désirable, jubilatoire… Et pour cela, il faut que nous nous y mettions tous, sans relâche. Une révolution réussie s’appuie toujours sur une situation merdique ( on l’a ), une volonté ( on l’a en vert, en rouge, en noir ), un symbole ou une Bastille ( on a le jaune des Gilets qui est pas mal ) et un récit. C’est la seule chose qui nous manque. Ceux qui existent sont trop vieux ( la Sociale ), trop élitistes ( être libertaire engage trop pour que tous s’y engagent ), trop effrayant ( la collapsologie )…. Tout reste à faire question récit !