Pierre Kropotkine

mis en ligne le 2 octobre 1997
« Pierre Kropotkine, prince anarchiste »
George Woodcock et Ivan Avakumovic une biographie non dénuée de contradictions

L'un des plus beaux éloges formulés à l'égard de celui que beaucoup considéraient comme le chef de file de l'anarcho-communisme émane de son ami Serge Stepniak : « On peut croire absolument chaque mot qu'il prononce ». Pierre Alexeïevitch Kropotkine naquit au sein de la plus haute aristocratie. En 1855, à l'âge de 13 ans, il intégra le corps des pages au service du tsar Alexandre II.
Plus tard, il participa à plusieurs expéditions ; ses observations du monde animal soulevèrent dans son esprit des doutes sérieux sur la théorie darwinienne de l'évolution. Il épousa progressivement la philosophie de narodniki, littéralement des « hommes prenant le parti du peuple », et il rejoignit les rangs des révolutionnaires. que reste-t-il après cela de l'antimilitarisme, et, en fait, de l'anarchisme ? »
Kropotkine se brouilla également avec ses collègues du périodique londonien Freedom, ce qui précipita sa rupture avec la plupart des militants de l'Europe occidentale. Au plus fort des affrontements, il signa avec 15 autres protagonistes un manifeste en faveur de la guerre, auquel Emma Goldman, Lilian Wolfe, Malatesta et d'autres répliquèrent en réaffirmant que les conflits armés résultent d'un système d'exploitation ainsi que de l'existence d'États, nés de la force militaire… Pourtant, à partir de 1918, la terreur bolchevique le rapprocha à nouveau de certains qui avaient pris leurs distances. Kropotkine vit en Lénine « un fou, un sacrificateur, désireux de brûler, de massacrer… ».
Fin novembre 1920, il rédigea une déclaration intitulée Que faire ? dans laquelle il fustigea sur un ton désespéré les horreurs perpétrées par les dirigeants au nom de la révolution. Après son décès survenu le 8 février, 100 000 personnes suivirent le cercueil jusqu'au cimetière de Novo-Devichi, au bord de la Moskva. Le livre de George Woodcock et Ivan Avakumovic nous rend familier ce penseur, écrivain et « prophète ». Au-delà de ses thèses politiques, ses apports, souvent innovants, dans des domaines aussi variés que la géographie, la sociologie, la biologie et l'histoire méritaient cet hommage.