Adoption, terrain miné

mis en ligne le 9 janvier 2014
1727KidAnarchyL’émission « Femmes libres » sur Radio libertaire a accueilli trois militantes le mercredi 27 novembre 2013 sur la thématique de l’adoption. Deux d’entre elles, Moruni et Lorenzzo, ont connu l’abandon toute jeune enfant car elles furent achetées chacune 1 000 F, l’une en 1974 à Calcutta et l’autre en 1981 au Brésil 1, par des couples bien-comme-il-faut, catholiques, faisant une bonne action en promettant d’élever ces enfants et de les sortir de la misère, de les sauver comme ils se plaisaient à leur dire. Quant à Sabreen Bintloula, cinéaste, elle a présenté un documentaire, Celle qui meurt, au festival 2013 de Femmes en résistance, les 28 et 29 septembre à Arcueil, en signant un portrait poignant et politique de Moruni lors d’un séjour dans son pays d’origine. Les auditrices et auditeurs ont pu découvrir les dessous de l’adoption. Pour comprendre le point de vue des adoptés, voici quelques questions que soulève Lorenzzo sur son blog adoption-terrain-miné et qu’elle adresse aux ministres Dominique Bertinotti, Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem, Marisol Touraine et Laurent Fabius.
Les trois militantes ayant participé à l’émission font partie d’un collectif de personnes adoptées adultes composé d’un large éventail d’expériences personnelles et professionnelles sur l’abandon et l’adoption en France comme à l’étranger. Des professionnels de l’adoption ont rejoint ce groupe de réflexion. Il travaille notamment sur les mécanismes de violences du système d’adoption français actuel dont les recherches seront rendues publiques lors du colloque sur l’identité biologique en automne 2014. Un livre publiera les résultats des enquêtes que ces compagnons ont menées. Ils visent un système plus éthique et mieux accompagné pour les personnes adoptées et leurs familles biologique et adoptive. Il est important de rappeler que l’adoption se joue autour d’une triade dont tous les acteurs doivent être pris en compte. Ainsi, ils entendent sortir des discours infantilisants, victimisant, pathologisant ou visant à les censurer.

Accompagner les adoptés à « besoins spécifiques » ?
« Ces troubles psychotraumatiques sont méconnus, sous-estimés, rarement dépistés et diagnostiqués par les professionnels de la santé qui n’ont pas été formés pendant leurs études médicales à la psycho traumatologie et à la victimologie, et qui ne le sont toujours pas. Ces troubles psychotraumatiques sont spécifiques et le symptôme principal : la mémoire traumatique (les réminiscences des violences) est pathognomonique c’est-à-dire non seulement caractéristique des violences traumatisantes mais aussi pouvant établir la preuve diagnostique d’un traumatisme. Or la prise en charge des troubles psychotraumatiques et de leurs conséquences est essentielle et doit être la plus précoce possible, ce qui la rend d’autant plus efficace, et permet d’éviter des vies fracassées et d’arrêter un cycle de violences subies ou agies 2. »
Le simple fait d’adopter a-t-il le pouvoir de résoudre les traumatismes et deuils liés à l’abandon et au déracinement d’un enfant ? Non. Surtout quand s’accumulent les bouleversements : de référents affectifs, de deuils multiples, de changement de nom et prénom, de maison, de pays, de culture, de langue maternelle, de climat, de couleur de peau, de nourriture… Les « besoins spécifiques » ne viennent pas « naturellement » de la personne adoptée ; ils sont la conséquence normale de chocs et de d’arrachements imposés. Les conséquences de cette mémoire traumatique non prise en charge ? Des adoptés se suicident, d’autres se retrouvent en hôpital psychiatrique, en prison ou à la rue (« 30 % des SDF sont d’anciens enfants placés » selon l’Académie de médecine). Quand le gouvernement va-t-il pouvoir mettre en place un accès gratuit à un accompagnement adapté par des professionnels formés en traumatologie ? Cet accès devrait aussi être proposé aux adoptants et aux parents biologiques qui en ont besoin.

Droits des parents adoptants et droits des enfants
L’adoption plénière 3 est une spécificité française imposée dans le cadre d’adoption internationale. Cette fiction française voudrait nous faire croire que la filiation sociale peut effacer la réalité de la naissance et des origines biologiques. Elle entraîne : suppression, effacement et interdiction d’accès à notre propre identité biologique, suppression de notre nationalité d’origine, suppression de nos noms et prénoms d’origine, suppression de notre filiation d’origine. Ce système permet aux adoptants de signaler ou non son adoption à la personne concernée. Des personnes découvrent sur le tard qu’elles ont été adoptées. La France a déjà été pointée du doigt car elle ne respecte ni la Convention européenne des droits de l’Homme, ni les droits internationaux de l’enfant, ni la Convention de La Haye. Pourquoi le système français maintient-il cet obscurantisme ? Cette mise en scène mensongère nous vole notre identité biologique. Comment se projeter dans le futur sans savoir d’où l’on vient ? Sur quelle base pouvons-nous compter ? Nous voulons une procédure légale et rapide pour pouvoir choisir nos noms et prénoms sur nos cartes d’identité : ceux de notre famille d’origine dont nous avons été dépossédés ou le choix de nouveaux noms et prénoms si nous voulons tirer un trait sur ces expériences pénibles. Enfin, en plus de la nationalité française, nous voulons récupérer notre nationalité d’origine qui nous a été confisquée.

Le droit à l’identité biologique
Connaître ses origines biologiques est un droit universel. Pourtant la France le nie à certains de ses citoyens : les nés sous X, des adoptés et les personnes issues de banque de gamètes anonymes. L’accès à nos dossiers doit être gratuit et transparent, sans limitation d’âge (pour les mineurs) avec la possibilité d’un accompagnement gratuit par un professionnel formé pour les personnes qui en ressentent le besoin. Cet accompagnement n’a pas une fonction de contrôle mais de soutien à la personne dans ces démarches souvent éprouvantes. Une fois l’une des personnes de la famille biologique retrouvée, le professionnel formé pourrait se proposer comme intermédiaire pour aider à mieux appréhender la situation et ainsi faciliter les premiers échanges. Tous les dossiers de personnes adoptées et nées sous X devraient être regroupés dans un même bureau (loin des « flammes » et avec enquête judiciaire lors des « incendies »). L’accès gratuit aux dossiers médicaux de nos parents biologiques nous permettra de bénéficier de soins adéquats. L’accès gratuit aux dossiers judiciaires de nos parents biologiques permettra d’éviter toute rencontre à risque.

Vols de bébés : le système français est-il complice ?
Des personnes profitent de la situation de précarité de femmes enceintes vulnérables pour s’approprier leur bébé et le placer en « adoption », avec transfert d’argent. D’autres se permettent de déclarer comme leur enfant biologique un enfant né d’une autre famille biologique. D’autres encore font croire que des enfants placés en crèches sont « orphelins » pour pouvoir prétendre les « sauver ». Kidnapper et séquestrer un enfant est un crime. Ce crime doit être puni. Quel chef d’accusation figure clairement dans le droit français pour protéger les enfants de ces expropriateurs qui prétendent « adopter » ? Pourquoi un tel vide juridique ? Pour défendre qui ?

Naissance sous X, GPA, adoption plénière, vols d’enfants et PMA
Au-delà d’un abandon programmé et du traumatisme qui en découle, le point commun c’est le risque potentiel ou concret de suppression de l’identité biologique des enfants nés. Permettre l’effacement ou l’absence d’informations sur les origines biologiques d’une personne, c’est enclencher une bombe à retardement. Personne n’a le droit de s’opposer à l’accès de notre identité biologique. Personne n’a le droit de nous déposséder de notre propre histoire. Nous restons liés d’une manière ou d’une autre aux personnes qui nous ont donné la vie. Les personnes nées de don de gamètes anonymes dénoncent déjà les effets destructeurs de cet anonymat. Comment concevoir la sélection des futures mères biologiques dans un catalogue et la marchandisation de leurs utérus en vue d’une reproduction assistée ? Peu importe l’orientation sexuelle de ces futurs parents : nos parents biologiques et nos origines biologiques ne sont pas un kit pratique à la disposition de qui que ce soit. Il y a une filiation réelle que personne n’a le droit de nous voler, encore moins avec des transactions financières. Les groupes de travail « protection de l’enfance et adoption » et « reproduction éthique » ont-ils réellement cerné nos problématiques ?
Au cours de l’émission « Femmes libres », Moruni, d’origine indienne donc, raconte qu’en France on la prend toujours pour la bonne de la famille blanche qui l’a adoptée. En Inde, tandis qu’elle se promène avec sa famille adoptive blanche, les Indiens la voient comme une prostituée et l’insultent. Son retour au pays est interdit car elle n’a pas de papiers étant donné que son adoption est plénière. Elle se sent étrangère autant en France (suspectée continuellement par la police d’avoir volé ses papiers d’identité) qu’en Inde (où elle est rejetée car elle n’a pas les bons papiers et où on l’interroge par rapport à son nom de famille français qui paraît « louche » à chaque passage de frontière ou contrôle de police). On ne lui reconnaît ni le droit d’être française ni le droit d’être indienne. L’adoption plénière a rendu compliquée son intégration. Elle dénonce avec force comment Mère Teresa, qui exécrait l’avortement, a organisé la vente des bébés filles des femmes pauvres à Calcutta au lieu d’œuvrer pour les droits à la contraception et à l’avortement et contre la misère. Ce fut et c’est encore un juteux marché pour les caisses de l’Église.

Hélène
Groupe Pierre Besnard de la Fédération anarchiste





1. « Le même pactole, la Terre est ronde », dira Moruni au cours de l’émission.
2. Dr. Muriel Salmona : http://memoiretraumatique.org
3. « L’adopté acquiert une nouvelle filiation qui remplace sa filiation d’origine. Un nouvel acte de naissance est établi et l’acte de naissance d’origine est annulé et ne peut plus être communiqué. […] Il prend le nom du ou des adoptants qui remplace son nom initial. Il est possible de demander au juge un changement de prénom de l’adopté. L’adoption plénière est irrévocable. » Extrait : http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F3151.xhtml.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


franck1998

le 21 octobre 2014
salut Je me nomme Franck je suis ivoirien j'ai 14 ans. j'ai grandi dans un orphelinat j'ai été abandonné quand j'avais 7 mois dans une rue très dangereuse pas ma mère. après la crise de 2011 qui c'est produit en côte d'ivoire l'orphelinat a été complètement détruit mais Dieu merci je n'es pas rendu l'âme je suis encore en vie mais dans une souffrance dramatique depuis 3 ans je dort a la belle étoile et je me promène dans les restaurant pour pouvoir mangé le restant des client et mendiez pour pouvoir m'en sortir parce que la vie es dur pour un jeune de 14 ans qui ne connais pas c'est parent et qui ne sais pas là ou il vas je souffre en ce moment je vous prie de m'aide parce que je n'es pas de parent en ce moment et je veux être vite adopté le plus vite possible ecrvez moi a france monpays03@hotmail.com mon facebook est franck soma je vous remercie que Dieu vous bénisse

kumara

le 4 juin 2015
Franck vous êtes complètement stupide, vous ne comprenez rien. L'occident depuis toujours fait de l'esclavage, en inde en Afrique et aux Amériques ainsi qu'en Asie. Je serais vous je construirais des choses en Afrique au lieu de vous ramollir l'esprit car l' Afrique n'a rien CONSTRUIT DEPUIS 20000 ans si ce n'est plus.