éditorial du n°1729

mis en ligne le 22 janvier 2014
Enfin une conférence de presse utile ! Depuis une semaine, nous y voyons plus clair sur la personnalité de François Hollande : de pseudo-socialiste, il est passé à social-démocrate revendiqué. Sa dernière trouvaille : le « pacte de responsabilité » passé avec le patronat pour lui permettre de continuer à détricoter le Code du travail et à diminuer ses « obligations » relatives aux embauches et licenciements. Et pour faire bonne mesure, notre président social-démocrate ajoute un cadeau de 30 milliards d’euros en exonérant les entreprises des cotisations sociales qui servaient à financer la politique familiale. Cette dernière le sera désormais par une partie de la baisse prévue sur les dépenses publiques (50 milliards). Contrepartie demandée aux patrons : promesses d’embauches. On a vu ce que ça avait donné dans le passé avec les restaurateurs à propos de la baisse de la TVA : rien, ou presque. Et ce n’est pas en précisant que, cette fois, il s’agira d’objectifs chiffrés d’embauche que ça changera quoi que ce soit : à propos d’une campagne pour « un million d’embauches », Pierre Gattaz, le patron du Medef, a déjà prévenu : « C’est un projet, c’est un objectif, mais ce n’est pas un engagement juridique que nous prenons. Nous nous engageons sur une mobilisation, mais pas sur des résultats. » Comme toujours, les seules promesses tenues seront celles en faveur des patrons. La droite est d’ailleurs bien embêtée : le social-démocrate Hollande est en train de lui piquer son programme. À ce rythme-là, il risque bientôt de se déclarer libéral sans même passer par la case du social-libéralisme. Et, pendant ce temps, là, en bas, sur le terrain, à la SNCF, à La Redoute, chez Sanofi, chez Goodyear, chez… ça souffre, mais ça se bat. Alors, faisons en sorte que les luttes s’amplifient pour faire ravaler leur morgue aux possédants.