Un choix, un droit et des luttes !

mis en ligne le 25 septembre 2013
1716FydC’est à la fin de l’été 2009 que l’association Droits des femmes du 20e arrondissement de Paris apprend, par hasard, la fermeture du centre IVG de l’hôpital Tenon : pas de fermeture « officielle », pas de communication de la part de l’AP-HP, même les syndicats de l’hôpital n’en sont pas informés. Sur place, un papier scotché sur la porte, griffonné à la main à la va-vite, renvoie les femmes sur le centre de Saint-Antoine (11e)… lui-même voué à la fermeture ! Dans la foulée, un collectif unitaire se crée et milite pour la réouverture du centre IVG de l’hôpital Tenon.

Première étape : la lutte pour la réouverture
En octobre, un rassemblement sur le marché rue des Pyrénées avec des prises de parole pour alerter la population sur l’arrêt du fonctionnement du centre de planification familiale et du centre IVG de l’hôpital Tenon et l’envahissement du hall de la maternité permettent une rencontre du collectif avec des responsables qui tentent de lui vendre la restructuration des services au sein de l’AP-HP comme une avancée apportant des services plus performants ! Le collectif n’est pas dupe : pour les femmes, loin d’être une modernisation, c’est une régression et l’occasion de contourner la loi de 1979 pour laquelle les femmes se sont battues.
Pendant des mois, la mobilisation se poursuit : distribution de tracts, signatures de pétitions, débats sur l’histoire de l’IVG et l’expérience du Mlac, projections de films (Laissez-les avorter tranquille ! d’Alima Arouali et de François Bernard ou Y’a qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos). Les différentes actions menées ont fait apparaître la situation très préoccupante dans les arrondissements de l’Est parisien, avec, en particulier, la suppression du centre IVG de Saint-Antoine.
Enfin, après dix-huit mois de lutte, en février 2011, la direction de l’hôpital informe le collectif des modalités de réouverture du centre IVG : un accueil avec un secrétariat dédié, des consultations et proposition des différentes méthodes d’IVG (médicamenteuse ou par aspiration avec anesthésie générale ou locale).
Le collectif exprime sa satisfaction d’avoir enfin été entendu, mais il soulève des points sur lesquels il restera vigilant :
– L’organisation matérielle dans les locaux n’est pas satisfaisante, car elle est dispersée sur plusieurs lieux dans l’hôpital.
– Le recrutement par l’AP-HP de médecins vacataires et non de praticiens hospitaliers montre qu’elle ne considère toujours pas l’activité dans les centres d’IVG comme une activité médicale à part entière.
– La date de réouverture n’est pas encore connue : elle aura lieu en avril 2011.

Deuxième étape : la lutte contre les anti-IVG
Dès l’automne 2011 arrive une raison supplémentaire de se mobiliser : en effet, des petits groupes d’intégristes catholiques, connus pour mener des actions contre les centres d’interruption de grossesse, vont venir chaque mois devant l’hôpital Tenon pour des « prières de réparation », pour culpabiliser les femmes et faire pression sur le personnel hospitalier et la population du quartier. La réouverture du centre IVG de l’hôpital, obtenue après deux ans de lutte, est pour eux le symbole intolérable du droit des femmes à disposer de leur corps.
Deux poids, deux mesures, selon les religions : ces intégristes liberticides ont pu en toute impunité venir égrener leur chapelet et chanter leurs cantiques à la porte de l’hôpital.
Deux poids, deux mesures, selon les manifestants : pourquoi la préfecture accorde-t-elle plus souvent aux intégristes qu’au collectif le droit de manifester ?
Afin de faire connaître les liens entre intégrisme catholique et extrême droite, en avril 2013, le collectif organise un débat : Qui sont SOS Tout-Petits, Civitas, Alliance Vita… ? Comment fonctionnent-ils ? Leurs réseaux ? Leurs moyens ? Le FN qualifie le planning familial de centre d’incitation à l’avortement et préconise le déremboursement de l’IVG (« de confort »), bafouant par là la notion d’égalité : les riches pourront avorter, pour les autres « l’adoption prénatale est une des solutions ».
Refusant de se laisser intimider, ce samedi 14 septembre, le collectif a décidé d’occuper l’espace généralement occupé par SOS Tout-Petits, à l’angle de la rue de la Chine et de l’avenue Gambetta en appelant les militants à venir plus tôt qu’eux !
Nous apprenons alors que la manifestation des intégristes n’a pas été autorisée par la préfecture. Un esprit moqueur aurait entendu qu’il y avait 50 manifestants selon le collectif, 150 selon la police ! (En comptant les effectifs policiers bien sûr !)
Ces derniers vont nous montrer leur obéissance aux ordres en nous imposant par la force l’obligation de nous déplacer à un autre coin de rue, vont nous menacer d’interpellations et exhiber leur force virile en nous plaquant méchamment contre les vitrines des magasins.
Mais ni la pluie, ni les technocrates libéraux, ni les intégristes, ni la répression policière ne nous empêcheront de défendre nos revendications :
– Application de la loi Neiertz et donc interdiction des manifestations des intégristes devant l’entrée de l’hôpital.
– Respect du droit des femmes de choisir si elles veulent et quand avoir un enfant.
– Un centre IVG dans chaque hôpital public, avec le choix de la méthode d’avortement.
– Abrogation de la loi Bachelot Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) de 2009.
– Des moyens pour répondre aux besoins de toutes les femmes.