Nora Berra, tais-toi !

mis en ligne le 14 avril 2011
Durant une discussion au Sénat sur le don d’organe, dans le cadre du projet de loi relatif à la bioéthique, la secrétaire d’État chargée de la Santé, Nora Berra, s’était prononcée contre un amendement tendant à empêcher de retenir l’orientation sexuelle comme une raison d’exclusion du don, considérant que « l’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH ». Des propos clairement homophobes qui ont suscité l’indignation d’acteurs de la lutte contre le sida, tels qu’Act Up et le président d’Élus locaux contre le sida (ELCS), Jean-Luc Roméro, qui s’est dit scandalisé : « Il faut arrêter de stigmatiser un groupe. Il s’agit bien sûr d’interdire aux gens qui ont des comportements à risque, qu’ils soient hétérosexuels ou qu’ils soient homosexuels, de donner leur sang, de donner leur moelle, mais certainement pas de faire une interdiction générale vis-à-vis d’un groupe. » Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, a réclamé mardi sa démission en ces termes : « Je condamne les propos homophobes de la secrétaire d’État à la Santé. Ils sont une preuve de son incompétence puisqu’elle confond conduites à risque et nature de la sexualité. »
Pour sa part, Nora Berra regrette que ses propos aient pu blesser. Mais elle ne présente pas d’excuses et ne reconnaît aucune erreur. Elle se dit « profondément peinée » par cette polémique. Il faut donc comprendre que tout cela ne serait qu’un malentendu qu’elle regrette, mais dont elle ne serait pas responsable et dont elle souffrirait. Pour Act Up-Paris, « la communication de Nora Berra n’a rien de satisfaisant : il aura fallu une levée de protestations unanimes depuis la publication de ses propos par le site LTGB (lesbien trans bi et gay) Yagg pour qu’elle exprime de simples “regrets”. Il est donc permis de douter de sa sincérité ». Ce doute est d’autant plus fort que, dans un premier temps, Nora Berra a traité les premières personnes à s’être élevées contre ses propos de « professionnels de la polémique ». Elle a par ailleurs qualifié Yagg de « site communautaire » pour minimiser sa crédibilité. Nora Berra s’entête à donner son passé dans la lutte contre le sida comme preuve de sa bonne foi. Elle n’a toujours pas compris qu’elle est désormais membre du gouvernement. Selon Act Up-Paris, « ce sont ses actes présents de secrétaire d’état qui nous intéressent et non son histoire personnelle. Elle ferait mieux de donner des explications sur les piètres résultats de sa fonction actuelle ».
Soulignons enfin que dans sa déclaration, Nora Berra affirme : « Mes propos visaient à rappeler que les homosexuels masculins sont parmi les premières victimes du VIH/sida avec un nombre de nouvelles infections VIH environ 200 fois supérieur à la population française. » Faut-il donc comprendre que pour elle, les homosexuels masculins ne font pas partie de la population française ? Cette violence venant d’une personne publique en charge des questions de santé est révoltante. En affirmant au Sénat que l’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH, elle laisse entendre que le sida est le destin tracé des gays, exhumant les amalgames du début de l’épidémie et que nous autres séropositifs avons dû subir et combattre.