Le sens de l'histoire

mis en ligne le 13 octobre 1977
On sait aujourd'hui que quarante années de dictature et un retour à la démocratie n'en rendent pas moins l'avenir de l'Espagne incertain. Qu'on se rassure, ou plutôt que la monarchie se rassure, elle a trouvé en M. Santiago Carillo, secrétaire général du Parti Communiste Espagnol, un défenseur inattendu. « Je suis républicain, a déclaré ce dernier, mais si, au lieu d'un roi, nous avions aujourd'hui un président, la poudre aurait déjà parlé. » Monsieur Carillo se trompe. Il arrive de temps à autre que des coups de feu éclatent de l'autre côté des Pyrénées. Sans même se préoccuper de leur cause. Monsieur Carillo devrait songer en toute logique (la sienne) qu'il devrait être possible de faire taire tout à fait la poudre par un retour à la féodalité. Des gouverneurs de province règneraient alors, avec droit de vie et de mort, sur des sujets espagnols réduits au servage avec le bruit des machines ou des gazouillis d'oiseaux pour fond sonore. Ce serait pour les communistes espagnols donner ce nouveau sens à l'histoire, qu'a esquissé Monsieur Carillo, en pensant que tout va pour le mieux. Hélas, si la poudre cessait alors de parler, Monsieur Carillo, lui, continuerait sans doute à le faire.