Accès aux soins : mieux vaut être riche qu’étranger et pauvre

mis en ligne le 14 octobre 2010
L’Assemblée vient de voter par 112 voix contre 82 en faveur d’une disposition visant à limiter l’accès à un titre de séjour aux étrangers atteints d’une maladie grave et qui ne peuvent être soignés dans leur propre pays. Depuis la loi Chevènement de 1998, un étranger, gravement malade, pouvait bénéficier d’un titre de séjour à la condition de ne pas avoir « effectivement » accès aux soins dans son pays d’origine. Selon le ministre de l’Immigration, Éric Besson, il y aurait actuellement quelque 30 000 personnes bénéficiant de cartes de séjour pour étrangers malades. C’en est trop pour Thierry Mariani qui a fait valoir que « la disposition en faveur des étrangers malades, interprétée de façon très généreuse par deux décisions du Conseil d’État en date d’avril 2010, faisait peser une obligation déraisonnable sur le système de santé français ». Il a jugé que la mesure ouvrait un droit au séjour potentiel à tout étranger ressortissant d’un pays ne bénéficiant pas d’un système d’assurance social comparable au nôtre.

Jeux de maux
Pour corriger ce qu’il qualifie de « dérive », Mariani avait proposé de remplacer la notion de « non-accès effectif » au traitement inscrite dans les textes par celui « d’inexistence » du traitement dans le pays d’origine. Éric Besson, dans sa grande mansuétude, a proposé de changer la notion « d’inexistence » du traitement dans le pays d’origine par le mot « indisponibilité ». Inexistence ou indisponibilité, qu’est-ce que cela change pour les personnes malades concernées ? Aujourd’hui, tandis que les épidémies se propagent à une allure folle dans les pays pauvres, qui n’ont, soit pas les moyens d’acquérir les traitements, soit n’en ont pas la volonté, quel choix reste-t-il aux personnes atteintes, sinon celui de tenter leur chance dans les pays dits développés ? Se résigner et se laisser mourir exclus des soins et sans espoir de solidarité ? C’est indécent, quand on voit qu’un petit nombre de privilégiés de nos pays riches pètent dans la soie et se foutent du tiers monde comme du quart. Ah ! Les salauds…