Marche mondiale des femmes 2010

mis en ligne le 20 juin 2010
1600FemmesLa Marche mondiale des femmes s’est officiellement mise en place en 2000. C’est donc dix ans après que ce samedi 12 juin avait lieu à Paris une manifestation qui s’inscrivait dans le cadre de cette dynamique internationale. L’initiative n’émane pas de libertaires, et il suffit d’observer un certains nombre de revendications qui s’expriment à travers cette initiative pour constater qu’il y a des divergences évidentes, tant en termes de stratégies qu’en termes de finalités. Cependant, ce n’est pas la première fois (ni la dernière !) que des anarchistes participent à une initiative dans laquelle ils ne se retrouvent pas en totalité. Car sur ce sujet, comme sur d’autres, il est également évident que ce qui nous rassemble est bien plus important que ce qui peut nous diviser. Notre présence était donc normale et logique, même si nous n’étions pas signataires de l’appel de cette marche. Globalement, il faut bien le reconnaître, la mobilisation était assez faible sur le pavé parisien. On pourra aussi regretter certains slogans syndicaux un peu hors-contexte lors de cette manifestation. Les libertaires étaient regroupés les uns derrière les autres et ont su tout de même assurer une présence anarchiste au cœur de cette manifestation. Banderoles, drapeaux, slogans, tracts, pochoirs… l’effort a été fait pour faire passer le message. Même s’il est clair que nous n’avons pas réussi à mobiliser tou(te)s nos militant(e)s, il est à noter que des personnes que nous n’avions jamais côtoyées nous ont aussi rejoints. À souligner également la présence de sans-papiers. Alors qu’il leur est parfois reproché à tort de ne militer « que » pour leurs papiers (ce qui, rappelons-le, est d’une importance primordiale pour eux, et ce qui entraîne aussi un danger permanent en cas de rafle), leur présence est un signe de plus que faire converger les luttes est souhaitable et possible.
Car les inégalités sont révoltantes, qu’elles soient liées aux classes sociales ou au sexe.
En France, les paroles et « engagements » politiciens en faveur de l’égalité hommes-femmes relèvent de banales opérations de communication, visant à séduire l’électorat féminin et la bonne conscience masculine. Le capitalisme, avec ou sans crise, a pour objectif de faire payer les pauvres, hommes ou femmes. Mais la précarisation touche davantage ces dernières. La « crise » actuelle du capitalisme ne fait que renforcer cette situation.
Cette lutte pour l’égalité, on le sait, se heurte quotidiennement à une résistance culturelle millénaire et indissociable d’une transformation globale de la société. Le capitalisme n’est pas seul en cause. Le patriarcat perpétue une forme d’organisation sociale qui impose aux femmes la domination masculine. L’ordre moral sévit toujours et l’on constate régulièrement des attaques directes ou indirectes contre le droit à l’avortement et le libre choix de sa sexualité. Aujourd’hui, avec la fermeture de centres d’IVG, c’est au prétexte d’économies budgétaires qu’est remis en cause le droit à l’avortement…
De plus, les attaques contre les lesbiennes, les trans et les homosexuels perdurent encore et toujours. Dans les actes parfois, allant jusqu’à des violences criminelles, mais dans le langage courant également (il suffit d’observer ce que signifient la plupart des insultes courantes pour voir que c’est bien une réalité). Nous pensons que ni l’ordre moral ni la répression ne mettront fin au patriarcat en général et aux violences sexistes en particulier. Aucune loi n’abolira le sexisme et l’exploitation des femmes, au travail comme ailleurs. L’éducation, l’accès à la culture, la construction d’espaces de solidarité, et le combat contre toutes les religions sont les vraies réponses émancipatrices. Tous les hommes ne sont pas coupables. Hommes et femmes doivent œuvrer à transformer les rapports sociaux et économiques, car on ne mettra pas fin au sexisme par des attitudes sexistes. C’est tous ensemble que nous devons mettre à bas le patriarcat ! C’est tous ensemble que nous devons lutter pour l’égalité de toutes et tous !
Ensemble, pour une société sans dieu ni maître !

Bibo, groupe Béton armé de la Fédération anarchiste