Rennes : le procès du sang contaminé

mis en ligne le 3 mars 1994
Lundi 21 février, le tribunal de police a connu une effervescence peu commune. En effet, le Comité de contre-information et de solidarité mobilisa près de 60 personnes à l'occasion de mon procès.
Je rappelle que je passais devant cette instance pour m'être solidarisé avec les transfusés empoisonnés par les lots de sang contaminés et pour avoir dénoncé la logique d'État qui sacrifie la vie des gens sur l'autel du fric et de l'affairisme médico-industriel, et ce pas le biais d'un bombage datant du 31 juillet 1992 qui disait : « Hervé expulse les squatteurs, tue les hémophiles, bilan globalement séropositif ».
Le CCIS 1 tient tout d'abord à remercier l'ensemble des personnes présentes et solidaires, notamment les compagnons du groupe FA de Nantes, ainsi que le SCALP-Réflex nantais, venus tout spécialement de Loire-Atlantique.
Un remerciement particulier au camarade Serge Livrozet, qui n'a pas hésité à venir de Paris pour témoigner à la barre de la légitimité de cette action. Malgré l'obstruction du président du tribunal, Serge Livrozet a d'emblée affirmé le soutien de la Fédération anarchiste. Il a, par la suite, brillamment indiqué que, précisément les militants de la FA n'entendaient pas être criminalisés du fait d'une légalité par trop conservatrice. Il a également fait remarquer au tribunal que ce sont bien les luttes sociales au quotidien qui font évoluer les choses, et le droit entre autres choses.

La mobilisation se poursuit
Maître Claude Larzul dénonça, dans une plaidoirie fort appréciée par l'assistance, l'impunité dont bénéficient encore les "responsables" politiques (Fabius, Dufoix, Hervé) dans l'affaire du sang contaminé. Il s'étonna, par ailleurs, qu'alors même où cette impunité perdure, on puisse s'en prendre à un militant manifestant une indignation que tout le monde partage, et en premier lieu les victimes de la transfusion. Il s'attacha ensuite à démonter l'argumentation juridique sur laquelle le ministère public entendait baser ses poursuites.
Ce même ministère public requit 1 100 F d'amende. Face à cette demande de contravention, le CCIS réclama la relaxe. Le jugement mis en délibéré nous sera communiqué le 18 avril. Nous entendons donc poursuivre la mobilisation et rester vigilants jusqu'à cette date. D'ores et déjà nous remercions les personnes ayant manifesté leur soutien financier ou ayant envoyé des messages d'encouragement. Nous réitérons notre appel à la solidarité tant financière que morale, et nous ne manquerons pas d'informer les lecteurs du Monde libertaire du résultat de ce procès.

Un militant du CCIS


1 CCIS, c/o MJC Rennes-centre, 9 rue de la Paillette, 35000 Rennes.