Libération directe !

mis en ligne le 4 février 2010
Le mois dernier, un certain nombre de collectifs et d’individus s’est réuni afin de lancer, ensemble, une nouvelle campagne visant à obtenir la libération des deux derniers militants d’Action directe encore incarcérés à ce jour : Georges Cipriani et Jean-Marc Rouillan, emprisonnés depuis vingt-trois ans.
Georges Cipriani est actuellement détenu à la prison d’Ensisheim, en Alsace. Sa dernière demande de semi-liberté a été refusée en août dernier, au motif (entre autres) « qu’il n’a pas évolué dans ses idées sur la légitimité de la lutte contre le capitalisme engagée par Action directe dans les années quatre-vingt ».
Jean-Marc Rouillan, quant à lui, avait obtenu en appel, fin 2007, un régime de semi-liberté. Dix mois plus tard, cette mesure était promptement annulée à la suite d’une interview publiée par un hebdomadaire. L’intéressé refusait alors de répondre à la question de savoir s’il exprimait des regrets pour les actes commis au nom d’Action directe, et soulignait que l’injonction de silence assortie à sa semi-liberté, au sujet de l’affaire, n’aurait certainement pas été retenue s’il avait craché sur leur passé commun. Le lynchage médiatique dont il fit l’objet dans les jours qui suivirent, lui donna raison.
En somme, pour Cipriani comme pour Rouillan, c’est bien la question du repentir qui sert de prétexte à leur maintien en prison, plusieurs années après la fin de leur période de sûreté. Cela, sans émouvoir le moins du monde les organismes de défense des droits de l’homme, ni même le syndicat de la magistrature, alors que la notion de repentir n’a aucune base juridique mais plutôt nettement religieuse.
Au printemps de 2009, les médecins ont diagnostiqué chez Jean-Marc Rouillan une maladie grave et évolutive (syndrome de Chester-Erdheim). Il demeure pourtant incarcéré au centre de détention de Muret (Haute-Garonne), sans soins adaptés au traitement de cette maladie.
Les deux derniers prisonniers d’AD ont déposé chacun une nouvelle demande de semi-liberté. La campagne de soutien initiée par de nombreux militants sensibles à la condition de Cipriani et Rouillan et, plus largement, à celle des « longues peines » et à la question carcérale, vise à les aider à obtenir cette liberté trop longtemps refusée.
Une pétition, en ce sens, a d’ores et déjà été publiée. On peut la consulter en ligne sur http://www.action-directe.net/modules.php?name=News&file=article&sid=699 et y apporter sa signature par sout.ad(arobase)orange.fr. Par ailleurs, on trouvera sur le « blog d’information sur les militants d’Action directe emprisonnés et de mobilisation pour leur libération » (http://action-directe.over-blog.com/) du matériel de communication et toute information sur les initiatives programmées un peu partout en France afin de sensibiliser l’opinion publique.
Certes, l’idéologie d’Action directe est assez éloignée de notre philosophie libertaire. Mais le problème n’est pas là. Si nous, anarchistes, rejoignons cette campagne pour la libération de Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani, c’est parce qu’avant de détruire toutes les prisons, il faudra bien les vider. La taule est inutile, nuisible, indigne de l’idée que nous nous faisons de la société humaine. Qu’on puisse y croupir sans autre perspective claire de sortie que le suicide ou la mort par épuisement, cette idée nous est intolérable. Aussi, une telle horreur carcérale incarnée par Cipriani et Rouillan, victimes d’un acharnement pénal injustifiable, appelle tout anarchiste honnête à rejoindre la mobilisation pour leur libération.