éditorial du n°1503

mis en ligne le 20 avril 2008

Le jeune cadet de la phynance qui il n’y a que quelques semaines, fier comme un taliban, négociait la multiplication de sa prime de fin d’année par cinq, suite aux mirifiques résultats de ses spéculations, doit se sentir un peu las. Après avoir été porté au nues de l’olympe de la Bourse par ses pairs admiratifs, il s’est vu lâcher honteusement par son patron ! « Casse toi ! Tu pues le bouc, émissaire de mauvais augure !» lui a cracher à la gueule le prince des banquiers. Pas question pour lui de marcher à l’ombre, au contraire, il fut stigmatisé au yeux du monde entier, un fraudeur, un escroc, un tricheur, un fou ! Dans l’utopie capitaliste que nous imposent les maîtres de la finance mondiale, il n’était qu’un jeune loup parmi la meute des crapules spéculantes qui hurlent autour de la corbeille. Manipulant des sommes représentants plus de trois fois ce que les habitants de la planète produisent, ces vermines de l’économie sacrifient nos emplois, rasent nos maisons ou font plonger un pays dans la misère, la famine ou la guerre d’un simple clic sur un écran. Une seule motivation anime ces ploutocrates : Magouiller plus pour gagner plus ! Aucune éthique ne tourmente ces requins ramenés à l’état grégaire par leur appât du gain. Délocalisations, restructurations et autres tripatouillages servant à faire fluctuer le cours des actions au bénéfice des financiers, ne sont pour ces derniers que des événements passagers et pseudo-virtuels. Mais ces scénarios tout droit sortis de leur cerveaux obtus ne sachant pas voir plus loin que leurs profits, se traduisent par des milliers de vies brisées chez les travailleurs qui font tourner les entreprises bien réelles avec lesquels ils jouent comme dans un jeu vidéo. Quand Amer Sport supprime plus de huit cents emplois en moins de deux ans chez Salomon, il ne se soucie guère du devenir de ceux qui ont produit les richesses dont ils se sont emparés, de même pour Flextronic ou pour Mittal. Seul compte le « coup de Bourse », la spéculation. Si au passage ils peuvent glaner quelques malheureux millions de fonds publiques qu’ils extorquent par le chantage à l’emploi, cela leur sert de pourboire pour arroser les décideurs politiques, payer les campagnes de leurs valets. Ils nous saignent, nous exploitent, puis nous jettent

comme des kleenex pour aller en exploiter de plus pauvres, de plus malheureux. Et nous devrions nous laisser faire sans broncher ! Il est plus que temps d’organiser la riposte !