FN : le bon, la brute et les truands

mis en ligne le 18 novembre 2007

France 2 concernant un reportage de cette dernière sur sa gestion municipale. Puis, c’est Le Pen lui-même qui a été obligé de verser un franc symbolique à Catherine Trautmann suite à sa mise en scène macabre (la tête de la ministre sur un plateau) en 1996. Plus important, pour le «grand chef», le parlement européen menace de lever son immunité parlementaire. En effet, le parquet munichois demande de le poursuivre suite à ces propos tenus en décembre 1997 en présence de l’ancien Waffen SS Franz Schönhüber. Le Pen avait récidivé sur le fait que «les chambres à gaz restent un détail de l'histoire de la deuxième guerre mondiale». Le code pénal, outre Rhin, prévoit pour ce genre de propos révisionnistes une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison. Certes, Jean-Marie n’est pas encore derrière les barreaux d’une prison allemande, mais c’est une belle épine dans le pied quand même. Reste pour lui le plus gros, le procès, en France, où il joue son avenir politique. Le 2 avril 1998, le tribunal, en première instance, l’a condamné à deux ans d’inéligibilité suite à ses «talents de boxeur» contre Annette Peulvast-Bergeal, candidate PS opposée à sa fille. Il y a une semaine, la cour d’appel de Versailles confirmait cette condamnation. Résultats des courses, le 17 novembre. Nous en reparlerons.

La mort de la bête immonde ?

Tous ces ennuis judiciaires plus la guerre des chefs qui secoue le FN pourraient laisser croire que l’on va vers la mort de la bête immonde. Pas si sûr que cela. Les attaques répétées de la justice permettent plus que jamais au FN de jouer son rôle de martyr. Il pourra se servir de cela pour les jours meilleurs et, en tout cas, sa pub reste assurée par les médias. Concernant la rivalité de Le Pen avec Mégret, on pourrait penser à première vue qu’ils se partagent les rôles pour drainer des forces différentes (vieux routiers de l’extrême droite et droite extrême «soft»). Mais la réalité politique fait penser que Mégret joue en fait sa stratégie personnelle pour prendre plus tard le FN en mains et réaliser son projet, très différent de celui de Le Pen, à savoir créer un pôle ultra droitier avec Millon, Madelin et tous ceux qui suivront ces gens-là face au déchirement continu des appareils de la droite classique. L’exemple de ce qui s’est passé au Sénat est un argument de plus pour Charles Millon et consorts. Même si pour l’instant Le Pen a écarté Mégret au profit de huit fidèles seconds couteaux afin de préparer les futures élections européennes, les ruades de Mégret ont permis à ce dernier de faire un pas de plus auprès des militants qui ont hâte de voir le FN au pouvoir. Le côté baroudeur et grande gueule de Le Pen a fait atteindre ses limites électorales au FN. On le sait, en voix, ce parti stagne. Pour illustrer notre analyse, regardons les dernières élections législatives partielles. Dans deux circonscriptions, Dunkerque et Aubagne, les candidats de Démocratie Libérale (parti qui n’est qu’un FN light) ont bousculé les données politiques établies depuis longtemps. L’un a battu le candidat de la gauche plurielle, l’autre frise l'élection à 20 voix près. Dans les deux cas, l'électorat FN a voté en masse pour ces candidats. Par contre, à Toulon, Cendrine Le Chevalier qui incarne l’image même d’un FN pur jus et replié sur lui-même a mordu la poussière. Odette Casanova, sa rivale du PS, peut être satisfaite. Mais, il y a quand même eu 51,5% d’abstentionnistes au deuxième tour. Comme quoi le rejet du FN n’est pas si massif que ça et que, surtout, les gens n’attendent plus rien des politiciens. D’autre part, rappelons-nous que le succès du candidat Roger Meï à Gardanne face au FN avant les élections législatives de 1997 n’a pas empêché le parti d’extrême droite de continuer sa progression dans les départements du sud de la France.

Un FN paravent pour la gauche

Le retour d’une droite extrême peut donc se réaliser. Millon, par exemple, malgré ses alliances honteuses a été élu ces jours-ci vice-président au sein du Mouvement National des élus locaux, association où se retrouvent toutes les grosses pointures de la droite traditionnelle. Comme quoi l’entreprise de Mégret et Cie ne se porte pas si mal. La dynamique à droite est dans ce camp-là. Il ne s’agit, pour eux que d’une question de temps. D’ailleurs, côté social, la situation montre des signaux d’alarme. Les lois sur les 35 heures, sur les emplois-jeunes apparaissent de jour en jour pour ce qu’elles sont, à savoir de belles arnaques. Le chômage repart et les licenciements continuent (comme chez Lévi-Strauss, près de Lille). Bref, la vie en rose semble avoir du gris dans l’aile et des vents contrariants vont souffler. Alors que tout le gratin culturel se mobilise à Lyon contre Millon, dans cette ville, le service archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles est en grève avec actions à la clé (c’est le cas partout en France). Madame Trautmann propose une privatisation de ce secteur mettant désormais en concurrence les entreprises susceptibles d’effectuer des fouilles préventives. Jusqu'à présent, une association regroupant 1200 personnes et sous tutelle du ministère de la Culture intervenait dans ce domaine. Désormais, la culture sera donc livrée aux marchands. Mais ça, ce n’est pas le FN donc ; circulez, il n’y a rien à voir. De même, il y a un an et demi, le Directeur de la Drac (aujourd'hui fer de lance de la lutte anti-Millon) faisait virer les intermittents du spectacle qui occupaient le bâtiment par les CRS, les traitant de fascistes puisqu’ils gênaient le bon fonctionnement du service. Alors, quelle est donc la nature de cet anti-fascisme «citoyen et démocrate» sinon un truandage de plus sur notre dos pour le compte de la gauche plurielle ?

Jaime
groupe Kronstadt (Lyon)